Je ne pensais pas devoir te croiser

Je sortais du tribunal, je venais voir le jugement d'un garou qui avait tenté (encore un fois) d'assassiner un représentant des forces de l'ordre elfique. Je n'y allais pas parce que je connaissais la personne qui allait croupir en prison, mais plutôt parce que j'étais curieuse. Curieuse de savoir comment il s'en était pris, parce que je ne voulais pas refaire les mêmes erreurs que lui. Franchement, je respectais cette personne. Elle avait eu le cran de risquer sa vie contre la suprématie elfique dont on avait tous marre. Ce qu'il venait de faire ? J'en rêve depuis que mon père est mort. Mais cet abruti n'avait pas bien rodé son plan. Tout de ce qu'il avait fait ne menait qu'à lui. Il n'avait utilisé personne, ou en tout cas, si il l'avait fait, il n'avait pas choisi les bonnes. Et c'est pour ça que j'étais là. Je venais pour savoir quelles erreurs je ne devais surtout pas faire... Et je comptais bien y arriver moi.

La salle était bondée. Surtout des elfes, ça puait le nectar, mais aussi des garous, quelques démons, Velïo (pour la forme, parce qu'à part faire du pied à sa voisine, il ne servit pas vraiment à grand chose), Amya (même si elle savait que l'accusé ne pouvait réellement pas s'en tirer) et des anges. Les elfes étaient consternés. Aucun d'eux ne cautionnaient ce qu'avait fait cette personne. Qui est-elle d'ailleurs ? Boaf je m'en tape. J'avais pris place face à une elfe qui me paraissait étrange. Elle n'avait cessé de me fixer pendant l'audience. Mais, contrairement au reste des elfes, elle ne me faisait pas éprouver de profond dégoût. Justement,  elle m'avait intriguée, elle m'intéressait.

A la fin de l'audience, le pauvre homme devait d'ailleurs aller croupir dans une cellule chez ces barjes de démons... Bref à la fin de l'audience, la jeune femme n'avait toujours pas arrêté de me fixer. je me dis alors qu'il faudrait que je fasse quelques recherches, parce qu'on ne m'a jamais fixé avec autant d'intérêt. Elle devait être au courant des quelques magouilles qui se tramaient au fond de mon bar. Et si ?... Non, non elle ne pouvait pas savoir que je voulais faire comme ce pauvre homme...

Je me dis que pour effacer toute trace de soupçon je devais aller la voir. Elle m'avait bien fixé pendant plus de deux heures donc elle n'aurait aucune raison de s'étonner de ma venue, bien que précipitée. Je me levai brusquement, manquant de faire tomber ma chaise et allai directement voir cette jeune elfe. Elle m'afficha un sourire. Oh punaise, je venais de tomber dans le panneau. Je faisais exactement ce qu'elle attendait de moi. Mais tant pis, de toute façon je ne pouvais faire marche arrière, je lui tendis donc la main en disant :

" Bonsoir, je m'appelle Johan, qui es-tu ? "

Je ne pensais pas devoir te croiser

La vie est en éternel mouvement, à Arkline. Une journée promettant d'être ennuyeuse pouvait se révéler extraordinaire tant il y a de choses à observer dans une ville en pleine effervescence...
Ce n'était qu'un procès comme un autre, mais je me faisait un devoir d'assister au jugement de ceux que j’arrêtais. Celui-ci avait été facile à attraper, il ne s'était même pas caché de ses intentions au grand public. Encore un amateur qui essayait de faire des vagues... Ils étaient de plus en plus nombreux, en ce moment... Mais je m'égare : je me préparais donc à assister à un procès sans grand intérêt, puisque de toute façon, le sort du garou était fixé. Il était évident qu'il n'avait aucun espoir. De ma place, je pouvais voir les ongles rongés et le visage soucieux de la représentante des garous. Elle avait de quoi l'être : trois garous avaient été jugés en un mois pour attentat contre les elfes.

La séance était sur le point de commencer lorsque je vis entrer une jeune changeling. En temps normal, je n'y aurait pas prêté attention, si cette dernière n'avait pas dégagé une aura... spéciale. Je l'observai longuement. De part son attitude, je compris bien vite qu'elle n'aimait pas les elfes, et pour avoir constitué le dossier de l'accusé, je savais qu'elle ne faisait pas partie de ses relations. Alors que faisait-elle ici? Je l'observais tout au long de la séance. C'était sûr, je l'avais déjà vue quelque part, sûrement dans l'un des bars de l'est où j'allais souvent traîner. Elle avait une attitude agressive, comme une colère contenue qui ne demandait qu'à sortir, et je vis à son visage qu'elle n'éprouvait que du mépris pour l'accusé. Pour l'accusé... et non pour ses actes. Au bout d'un certain temps, elle finit par me remarquer. Je ne détournai pas le regard pour autant, la soumission, ce n'est pas pour moi. Cependant, je ne lut pas dans ses yeux la même haine que j'y voyait lorsqu'elle regardait les autres elfes. Elle était donc plutôt observatrice pour avoir remarqué ma différence...

Comme la fin de la séance approchait, il devint évident que j'allais devoir répondre à quelques questions. C'était légitime, après tout, je l'avais dévisagée comme une bête curieuse pendant pratiquement toute la séance. Dés la fin du procès, elle se leva brusquement, manquant de faire tomber sa chaise. Je réprimait un rire, tant elle semblait si pressée de venir à ma rencontre. J'affichais mon regard le plus assuré ainsi qu'un sourire provocateur (pris à Alexandre) et attendis l'inévitable confrontation. Mais au lieu du déluge de questions et de menaces auquel je m'attendais, j'eus droit à une main franche :

"Bonsoir, je m'appelle Johan, qui es-tu?"

J'eus un petit rire. Il n'était pas dans mes habitudes de donner mon nom au premier venu, mais c'était légitime de poser cette question. Je lui serrai la main, et répondis:

"Si tu es franche, tu pourras comprendre que je le sois aussi. Je te répondrai donc que je ne donne pas mon nom aux inconnus, et plus particulièrement à ceux qui n'aiment pas les elfes, mais en sachant que la moitié de la salle ici présente partage ta haine, tu t'en vois pardonnée, lui dis-je avec un clin d’œil"

Elle ne me répondit pas pendant quelques instants, ayant l'air de digérer ce que je venais de dire. J'étais de nature plutôt franche, moi-aussi, et je savais que le meilleur moyen de détourner l'attention de l'adversaire était de l'attirer sur autre chose. J'attendis sa réponse avec calme. Après-tout, j'avais bien besoin d'une distraction.

Je ne pensais pas devoir te croiser

"Si tu es franche, tu pourras comprendre que je le sois aussi. Je te répondrai donc que je ne donne pas mon nom aux inconnus, et plus particulièrement à ceux qui n'aiment pas les elfes, mais en sachant que la moitié de la salle ici présente partage ta haine, tu t'en vois pardonnée"

Sèrieusement ? Elle se donnait le droit de me fixer pendant plus de deux heures pour se donner le luxe de ne pas répondre à ma question ? Elle m'avait dit cela en ajoutant un petit clin d’œil terriblement réducteur. Une terrible envie de meurtre me fit tressaillir de tout mes membres. Elle était tellement elfique, ses air hautains qui me faisait terriblement penser aux attitudes coloniales que j'avais apprises en cours d'histoire. Un furieux besoin de lui en foutre une me mordait, j'en avait tellement envie, besoin, que j'en avait mal aux bras. Mais je souriais, je ne voulais pas lui montrer à quel point elle m’insupportait. Jamais une inconnue ne m'avait fait éprouver autant de dégoût.

Donc comme ça elle ne voulait pas me donner son nom. Après, je n'ai aucunement le droit de lui exiger son identité me diriez-vous... Mais je vous répondrais que je n'ai pas l'habitude qu'on m'attaque ouvertement. Et je prenais cela pour un affront. Et elle avait intérêt à gagner si elle ne voulait pas que sa belle peau veloutée soit parsemée de petits entailles. Mais le fait qu'elle n'ait pas voulu me donner son nom n'est peut être pas ce qui m'interpela le plus. Son air maternel m'insupporta encore plus. Son petit air supérieur, et son clin d’œil... rhaaa rien que d'y repenser cela me file la gerbe.  

J'étais bien décidée à connaître son identité... Mais il fallait que je la joue fine. Il ne fallait pas que je pose les questions d'un bloc, elle n'y répondrait pas. Mais il ne fallait pas que je fasse de détour trop démesuré, cela serait trop visible. A moins que... ouais cela me paraissait la bonne solution.... J'allais frapper, de front. J'allais lui expliquer que non, on était pas trop trop trop dans le monde des bisounours et que si elle tenait à sa vie, elle avait tout intérêt à répondre à mes questions... Sans délais et sans mensonges... Après, si elle ne tient pas spécialement à sa vie, elle ferait mieux, en effet de soit ne rien me dire, soit me donner de fausses informations...

Mais un reflet dans ses yeux me dit qu'elle avait envie de coopérer. Qu'elle avait envie de vivre. Je sautai sur l'occasion. Je m'appuyai sur ma jambe gauche, croisai les bras puis les décroisai pour les poser sur mes hanches. Je baissais la tête, souriant puis je la relevai, insérant mon regard dans le sien. Mon sourire s'était effacé, et je dis d'un ton dur

"Tu m'as l'air d'une comique toi. Mais je suis pas là pour rigoler. Tu vas gentiment répondre à ma question sinon on ne s'entendra pas" je joignis mes mains et rajoutai "vraiment pas..."

Je ne pensais pas devoir te croiser

"Tu m'as l'air d'une comique toi. Mais je suis pas là pour rigoler. Tu vas gentiment répondre à ma question sinon on ne s'entendra pas, vraiment pas..."

Ainsi donc, la garou avait du mordant... C'était intéressant ça. Les paroles que j'avais prononcées ne lui avait pas plu. Pas plu du tout, même, mais c'était le but après-tout. Je me souvenais maintenant où je l'avais croisée. Elle travaillait dans un bar, à l'Est, mais ce n'était pas pour cela que je la connaissait. Non, si je me souvenais de son visage, c'est parce que j'avais vu sa photo, il y a trois jours, dans le dossier recensant les chasseurs de primes illégaux de la ville... Et j'avais justement besoin de quelqu'un de non-connu et sans scrupules pour faire avancer mon dossier du moment. Le test avait donc bien marché, elle était impulsive, mais pas trop, sinon elle m'aurait déjà sautée dessus...à ses dépends.

J'effaçais tout de suite mon sourire factice de mon visage, et lui rendis son regard frondeur. Ce que je vis dans le sien me plus suffisamment pour que je prenne ma décision : ce serait elle. Je répondis donc :

"D'accord, à ce que je vois, toi non plus tu n'aime pas tourner autour du pot. Je veux bien répondre à ta question, mais pas ici."

Je lançais un regard appuyé vers une alcôve au fond de la salle. Elle me comprit et me suivit en silence, son regard assassin toujours fixé sur mon dos. Une fois à l'écart je me tournai vers elle. J'avais hésité un instant à sortir mes armes, mais il ne valait mieux pas envenimer les choses. Je plantai mon regard dans le sien et lui dit :

"Ok, tu voulais savoir mon nom, le voici : je m'appelle Ellana, et pour l'instant je ne te dirais rien d'autre désolée, et toutes les menaces du monde n'y changeront rien, ajoutais-je en la voyant tiquer, ensuite, tu veux savoir pourquoi je t'ai fixée pendant tout le procès, c'est légitime. Malheureusement je n'ai pas de réponse valable à te donner, je t'ai juste regardée car ce procès était ennuyant au possible, le verdict était évident, et tu étais la personne qui détonnait dans la salle, vu que tu éprouvais du mépris pour cet homme."

J'hésitais un instant avant de continuer :

"Je suis désolée de t'avoir vexée tout-à-l'heure, mais c'était nécessaire, et de toute façon, ce n'est pas mon attitude habituelle. En fait... si je t'ai dis ça, c'était pour te tester, ne t'énerve pas!, m'affolais-je quand je vis son regard prendre la teinte de la rage pure, Je t'ai testée parce que... Disons que j'exerce un métier particulier, mais officiel, et que mon dossier du moment me pose... disons certains soucis et que j'aurais besoin de quelqu'un de non-connu des services pour... dégager le chemin, on va dire. Je sais qui tu es, repris-je immédiatement, et je sais ce que tu fais dans ce bar quand tu penses ne pas être vue."

J'arrêtai de parler un instant, pesant le pour et le contre. Il n'était pas encore trop tard, je pouvais reculer, je ne lui avais pas donné trop d'informations. Mais ce que je voyais dans ce regard acheva de me convaincre. Je pris l'expression la plus impersonnelle que je connaissais et je lâchais, avec un regard fixe et décidé :

"Veux-tu travailler pour moi?"

Je ne pensais pas devoir te croiser

"Ok, tu voulais savoir mon nom, le voici : je m'appelle Ellana. [...] Je suis désolée de t'avoir vexée tout-à-l'heure, mais c'était nécessaire, et de toute façon, ce n'est pas mon attitude habituelle. En fait... si je t'ai dis ça, c'était pour te tester, ne t'énerve pas! Je t'ai testée parce que... Disons que j'exerce un métier particulier, mais officiel, et que mon dossier du moment me pose... disons certains soucis et que j'aurais besoin de quelqu'un de non-connu des services pour... dégager le chemin, on va dire. Je sais qui tu es, et je sais ce que tu fais dans ce bar quand tu penses ne pas être vue."

Elle s'appelait donc Ellana. C'était moyennement elfe tout ça... enfin à mon goût. Je l'avais regardée constamment, un soupçon de défi dans mon regard. Plus ça allait, plus j'avais envie d'expédier cette affaire au plus vite. Je n'en tiendrais pas Amya au courant, je voulais m'occuper de cette histoire personnellement.
Je bloquai au moment où elle prononça le verbe "tester". Je dû m'empourprer du menton jusqu'à la racine des cheveux car elle se mit immédiatement à se bredouiller. Non mais elle se prenait pour qui ?! Non mais elle me prenait pour qui !? Ce n'est pas parce que je suis un garou (enfin, pas tout à fait mais c'était tout aussi bien qu'elle l'ignore) que j'étais pour autant un cobaye pour ces études psychologiques à la con parce que madâme avait des problèmes ! C'était un véritable affront mais je me devais d'être plus maligne qu'elle. Je n'avais ni sa force ni sa dextérité , j'allais devoir consommer de la matière grise.

"Veux-tu travailler pour moi?"

Elle me proposait un marché. Enfin, plus précisément elle achetait mes services... Et si je n'acceptais pas...elle me vendrait. Elle avait marqué un point, je l'admet.
Bon, il était évident que j'allais faire varier mes prix...à la hausse, spécialement pour elle. Et je n'allais pas le lui cacher. J'allais aussi lui apprendre une seconde chose... Personne ne me faisait chanter. Encore moins une elfe aussi cavalière qu'elle. Elle prenait des grands air, ne répondais pas à mes questions, me testait et me faisait chanter. Elle me faisait franchement marrer.
A ma droite, il y avait une chaise. Je m'assis (ou m'affala) et croisai mon genoux droit sur le gauche. Je barrai mon torse avec mon avant-bras droit et posa dessus mon coude gauche. Je portai ma main gauche entre mon menton et ma lèvre supérieure. Mon regard lâcha le sien pour qu'il aille se perdre dans un coins sombre de l'alcôve.  Je réfléchissais à toutes les options que je voulais mettre en jeux.
J'inversai alors la place de mes jambes . La gauche passa sur la droite et mon bras droit vint se poser sur le gauche qui avait pris sa place. Et je replantais mon regard dans le sien, un sourire de défi se dessina sur mes lèvres.
Je dis, d'un air détaché:

"Tu veux mes services ? Mh... tu es une elfe, ce sera plus cher... Tu m'as testée... ce sera encore plus cher"

Je marquais une pose, posa mes mains sur mes cuisses. Je fis aller lentement ma tête sur la gauche puis la fit revenir vivement dans la direction d'Ellana. Je plantai mon regard qui se voulait venimeux dans le sien et dit sèchement, presque chuchotant:

" Fais moi chanter encore une seule fois et je ne réponds pas des conséquences"

Je ne pensais pas devoir te croiser

"Tu veux mes services ? Mh... tu es une elfe, ce sera plus cher... Tu m'as testée... ce sera encore plus cher [...]
Fais moi chanter encore une seule fois et je ne réponds pas des conséquences"

Elle prononça ces mots en me regardant d'un air impassible. Elle avait aussi pris une de ces poses que prennent les gens qui veulent faire forte impression : une attitude désinvolte, accompagnée d'un regard dur et haineux. Décidément, elle n'aimait vraiment pas les elfes... Si elle travaillait pour moi, il allait falloir faire une enquête. Je ne tenais pas à me retrouver avec une changeuse en furie sur le dos, j'avais suffisamment à faire comme cela.
Ainsi donc, elle voulait augmenter ses prix... Tant pis. Je ne revenais jamais sur une décision, et je n'avais plus le temps de chercher quelqu'un d'autre. De toute façon, je n'étais pas dépensière, et mon travail rapportant bien, j'avais des économies en réserve. Je lui rendis son regard glacial, sans laisser paraître les pensées qui agitaient mon esprit. Sa menace me plaisait beaucoup moins par contre... Ce n'était pas parce que nous étions en public que je ne pouvais rien faire. Si elle continuait dans ses provocations, elle en ferait bientôt l'expérience. Même si je dois avouer que son manque de finesse et de diplomatie m'amusait beaucoup.

Je regardai le jour baisser peu à peu dehors. La nuit allait bientôt tomber, et je voulais conclure cette affaire dans les plus brefs délais. Je n'avais pas le temps de réitérer ma menace, et cela ne mènerait à rien, de toute façon. En réponse à son avertissement, je lui lançai donc un regard entendu, lui faisant ainsi comprendre que je n'étais nullement impressionnée. Puis je sortis la feuille de mon contrat actuel, que je gardais toujours sur moi. Je la dépliai, la parcourus rapidement par réflexe, et la lui tendis. Plus elle progressait dans sa lecture, plus ses sourcils se haussaient d'étonnement, jusqu'à disparaître sous la mèche épaisse qui lui cachait le visage. A la fin, elle me tendit la feuille avec un air profondément perplexe (et dédaigneux, je dois dire), tout en me lançant un regard qui attendait une réponse.

Je m'étais attendue à ce genre de réaction. J'avais eu la même lorsque Velïo -mais bon, je sais que c'était le chef de la sécurité intérieure qui avait conçue l'opération- lorsque Velïo, je disais donc, m'avait confié le contrat. Une mission bien trop simple sur papier, je m'étais méfiée tout de suite. Bien entendu, comme je m'y attendais, la personne concernée était beaucoup plus difficile à atteindre que prévu, et le nom inconnu des archives criminelles que j'avais étudiées pendant des années était en fait plus populaire que cela...quand on allait chercher au bon endroit. C'est après ma troisième confrontation et une sévère blessure à l'épaule (bon cinq contre un, c'est pas loyal les gars) que je m'étais décidée à chercher quelqu'un. Les rumeurs me concernant s'étaient répandues bien plus vite que prévu, et on commençait à me reconnaître. Il allait falloir changer de couleur de cheveux (dommage, je l'aimais bien celle-là).
Bref, je pris un regard sombre et amer avant de lui dire :

"Ce n'est pas la peine de me prendre pour une idiote, je connais bien mon métier. Ce gars-là, il est bien plus difficile à approcher que prévu, fis-je en désignant la feuille d'un air vague. Il n'est pas connu des services, et sait comment ne pas se faire remarquer de la masse populaire. Autrement-dit, c'est un fantôme. Mais en fouillant un peu, je suis tombée sur pas mal de trucs louches, et après quelques...événements, énonçais-je en grimaçant, j'ai fini par découvrir son nom."

Je pris quelques secondes avant de lâcher mon info :

"C'est le chef de la plus grand famille de chasseurs de la ville, Jonathan Knight."

Je ne pensais pas devoir te croiser

Miss je-suis-trop-ténébreuse-parce-que-je-suis-une-elfe-chasseuse-de-primes m'avait tendu le fameux contrat qu'elle voulait que je remplisse. Un magnifique papier qui sentait bon, couverte d'un magnifique écriture occidentale, ponctuée de-ci de-là de quelques runes elfiques tout à fait magnifique. Mais je ne voulais pas me montrer ébahie devant un si magnifique travail elfique que j'optai pour l'option "étonnement". Je l'avoue, au début ce fut difficile mais après avoir commencé à lire, je ne dû plus jouer la comédie. Je tombais réellement des nues, j'étais laissée de marbre.

Je devais arrêter un certain humain (tss). Un chasseur (re-tss). Je lus et relus le contrat. Je n'avais qu'à le tuer. Je ne comprenais franchement pas l'aide que je pouvais lui apporter dans cette affaire. Si elle était aussi douée que son attitude voulait le laisser croire elle pouvait aller se faire ce que je pense où je pense. Non mais franchement, c'était presque rabaissant de me donner une affaire qui semblait aussi simple. J'ai beaucoup de fierté, et il est très facile de me vexer. Je relus une dernière fois ce contrat. Il n'empêche...c'était louche qu'une elfe qui semblait haut placée me demande de l'aider pour affaire aussi banale. Cela cachait forcément quelque chose d'étrange, de pas très net. Déjà, je ne connaissais pas l'identité de la personne que je devais traquer, deuxièmement c'était un elfe. Et elfe rime avec ennui (métaphoriquement parlant j'entend bien).

Je lui retendis le papier, la regardant d'un air le plus étonné et désespéré...mais je crois qu'on lisait plus de dédain dans ce dernier...rhaaa il allait falloir que je retravaille mes regards. Cela paraît rien (voir même futile) comme ça mais c'est très important. Bref, passons cet intermède futile.

"Ce gars-là, il est bien plus difficile à approcher que prévu. Il n'est pas connu des services, et sait comment ne pas se faire remarquer de la masse populaire. Autrement-dit, c'est un fantôme. Mais en fouillant un peu, je suis tombée sur pas mal de trucs louches, et après quelques...événements, énonça-t-elle en grimaçant, j'ai fini par découvrir son nom."

Ah ouais... Je savais que ça puait. Non c'était pas bon là, vraiment pas bon. Un mec qui fait des magouilles sans se faire prendre à Arkline, c'était vraiment un dieu ce gars-là. Personne ne sait qui il est, où il est. A part la gourdasse... Et ça, c'était encore plus louche. Comment est ce qu'elle pouvait connaître un malfaiteur recherché de tous ? Non, je vous le dis, je ne le sentais pas, mais alors vraiment pas.

J'étais plongé dans mes pensées quand elle brisa le silence. Un peu trop tôt à mon goût car elle interrompit mes réflexions. J'eus la puissant envie de mettre terme à ses jours. Mais je me retins.

"C'est le chef de la plus grand famille de chasseurs de la ville, Jonathan Knight."

Ouais, là ça ne sentait mais alors vraiment plus bon. Knight. Ce nom n'étais pas si inconnu que ça pour les gens qui savent chercher. Cette fille n'était pas une elfe pour rien. Enfin bref glissons. Je commençais à me replonger dans mes pensées. Cela promettait d'être compliqué. Mais je pouvais bien y arriver. Et puis, je pourrais demander à un "ami" de m'aider.

Je me levai, repris la feuille et dit :

-" J'ai assez perdu mon temps avec toi, je rentre chez moi. J'y réfléchis. Et si tu me cherches, je suis à mon bar. Vas-y pour avoir ma réponse. Parce que j'irai pas t'chercher"

Et je la laissai en plan. Elle m'avait soulé, je lui devais bien ça. Je savais que je la verrais débarquer chez moi. J'allais bien rire

Je ne pensais pas devoir te croiser

Elle resta quelques secondes à réfléchir, puis se leva brusquement en me reprenant la feuille et me lança avec un air désinvolte mais une joie évidente :

" J'ai assez perdu mon temps avec toi, je rentre chez moi. J'y réfléchis. Et si tu me cherches, je suis à mon bar. Vas-y pour avoir ma réponse. Parce que j'irai pas t'chercher"

Puis elle partit sans dire un mot de plus, de ce pas décidé et frondeur qui me l'avait faite remarquer. Je ne bougeais pas, la regardant disparaître, puis je m'affalais sur la chaise sans plus prêter attention à mes manières. Elle voulait que je vienne la voir dans sa tanière, là où elle était la plus forte et où elle avait le plus de chance d'avoir l'avantage. Nul doute qu'elle me réservait un accueil spécial, même si son but n'était pas de me tuer... Il allait falloir me tenir sur mes gardes.

Après avoir réfléchi quelques instants, je me décidai finalement à sortir du tribunal. Nous étions en hiver, la nuit tombait tôt. Je saluai le garde chargé de surveiller le bâtiment durant la nuit, puis je pris le chemin de mon appartement. Je frissonnais en resserrant mon manteau sur mes épaules. La nuit était claire,on voyait les étoiles, et la lune éclairait les rues de sa lueur pure et claire. Une bonne nuit pour méditer. Je changeai de direction et pris celle de la plus haute tour de la ville, qui se situait à la frontière des quartiers anges et elfes. Je me débarrassai de mon manteau, pris mon élan et m'accrochai à la première prise. La tour avait été construite dans un but purement ornemental, et seul le rez-de-chaussée était habité, ce qui me permettait de monter sans que l'on ne me pose de question. Furtive, personne ne me voyait, et l'effort fourni par l'escalade eu vite raison du froid et de la migraine qui commençait à pointer sous mon crâne.

Trop de soucis, trop à réfléchir. Plus je m'élevai, plus mon esprit se vidait,  ne laissant que le calme et le plaisir de l'exercice. J'atteignis le sommet après vingt minutes d'escalade, et me retournai pour admirer la vue. La ville scintillait sous mes yeux, brillante de vie et de chaleur mêlées. Je me plongeai avec plaisir dans la gestuelle ombreuse, répétant inlassablement les gestes appris par cœur. Je m'arrêtai lorsque enfin ma migraine eu disparue, au profit de la lucidité et la sérénité, et m'assis en bord de l'immeuble pour manger le sandwich acheté cet après-midi.
Face à la ville, je pesai le pour et le contre longuement. Je finis par prendre une décision : tant pis pour les risques, l'enjeu était trop gros. J'irai la voir le lendemain.